Introduction
Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 fut une catastrophe terrible pour Haiti. Les pertes materielles et humaines sont enormes: plus de 200.000 morts, 172.000 maisons endommagees, 1,3 millions de deplaces et plusieurs edifices publics effondres. Plusieurs ressources materielles et humaines a travers le monde ont ete mobilisees en vue d’aider le pays a se relever. Plusieurs billions de dollars ont ete promis. Plusieurs organisations non gouvernementales ont debarque dans le pays. Plusieurs conferences ont eu lieu. Des plans de Reconstruction d’Haiti ont ete elabores. Plusieurs gouvernements et organismes internationaux s’etaient engages dans la reconstruction Haiti. Plusieurs firmes ont ete engagees. Des actions ont eu lieu sur le terrain. Cependant les attentes de la population et des plus demunis ont-elles ete comblees? Qu’a-t-on reconstruit? A-t-on profite de cette occassion pour refonder la nation? A-t-on eu un plan de refondation et des procedures d’execution de ce plan? Le gouvernement haitien et ses allies internationaux declarent que des progres ont ete realises. Cependant la majeure partie de la population se declare insatisfaite. On comprend qu’il existe alors deux camps: le camp du gouvernement et de ses allies et le camp de la population. Les classes defavorisees qui aspirent a l’amelioration de leurs condition de vie vivent continuellement dans un etat d’isatisfaction de leurs problemes de bien-etre physique, materiel, social et economique. Une aide d’un plat de nourriture par jour et de quuelques gourdes par mois ne saurait contribuer a resoudre les problemes d’alimentation, de logement. de vetements, d’education, etc des plus defavorises. Ils en resulte que ces gens minimisent cette aide inefficace. L’aide devrait etre substantielle et ne devrait etre seulement materielle. L’Etat devrait creer un environnement ou les gens peuvent satisfaire leurs besoins de bien-etre et fournir les moyens a ces derniers pour acceder a ce bien-etre. Les actes poses par l’actuel gouvernement s’inscrivent dans une pratique d’oppression des plus demunis sans se soucier de structurer ces programmes en vue de repondre aux aspirations des plus demunis. Fort de cette mentalite des dirigeants haitiens une analyse des projets de relocation des plus demunis et de la reconstruction en general nous permettra de voir si ces actes satisfont aux besoins des plus demunis, servent de palliatif temporaire, ne font qu’aggraver leur sort et ne comblent pas les attentes des plus fortunes et de la population en general.
Reconstruction des batiments publics
Selon les declarations du premier ministre Lamothe, sept ministeres et batiments publics sont actuellement en construction. L’ensemble de ces institutions constituera une cite administrative. Le cout de chaque batiment est estime a $17 millions de dollars americains. D’apres le premier ministre c’est le projet du Prince Charles que le gouvernement est en train d’appliquer. D’apres ce plan la reconstruction passera par la creation d’un centre-ville et l’erection d’une cite administrative
Cette declaration du premier ministre concernant l’adoption du plan du prince Charles est incomprehensible quand on sait que le gouvernement actuel a rejete les mesures de delimitation du Centre-ville de Port-au-Prince prises par le gouvernement de Preval. On se demande quel est le plan de reconstruction de l’actuel gouvernement dans la mesure ou le plan de refondation discute avec les bailleurs internationaux a ete ecarte d’apres Dieudonne St Cyr, un chef d’opposition.
Selon d’autres declarations du premier ministre, la realisation de la plupart des projets a ete possible grace a l’aide du Venezuela. L’aide internationale se fait toujours attendre. D’apres Joseph St Cyr 42% de l’aide promise a ete depensee dans l’urgence post-seisme et non dans la reconstruction. D’apres Harry Adam, directeur de l’UCLB (Unite de Construction et de Logement des Batiments Publics) 700 ecoles ont ete reparees ou reconstruites dans les dix departements geographiques du pays.
On sait que les ecoles publiques et les facultes qui ont ete detruites par le tremblement de terre du 12 janvier 2010 ne sont pas reconstruites. On n’a pas entendu parler de la construction du campus universitaire de Damien et du projet de doter le pays de plusieurs campus regionaux. L’Ecole Normale Superieure, chargee de la formation de professeurs est logee dans un etat piteux. La reconstruction d’autres edifices publiques tels la catedrale n’est pas pour demain. Le gouvernement a declare que la reconstruction du palais national n’est pas une priorite. Ce qui est une bonne nouvelle dans la mesure ou l’on sait que cette maison n’a pas toujours represente la maison du peuple mais le symbole du pouvoir de ses oppresseurs. Peut-etre est-ce une facon pour eliminer temporairement la presence d’un symblole oppressif pour construire d’autres invisibles et en meme temps consolider celui deja existant.
Relocalisation des personnes logees sous les tentes
D’apres le gouvernement des millions de personnes vivant sous les tentes ont ete relocalisees. Cependant pres de 200.000 personnes resident dans les abris provisoires et les habitants du camp de Canape Vert disent manquer de tout depuis le depart des ONG. Des organisations de la societe civile lancent un appel au gouvernement en vue de faire cesser les expulsions. Les Etats-unis se disent encourager par les progres realises et renouvellent son engagement a aider le pays a aller de l’avant.
Programme 16/6
“ Les strategies utilisees par le gouvernement haitien et les ONG pour relocaliser les deplaces dans les places publiques et la zone metropolitaine consitent a donner une allocation de 500 dollars americains (20.000 gourdes haitiennes) pour louer une maison pendant un an. La composition de la famille et le lieu ou elle va loger ne sont pas consideres. La taille des maisons construites par les ONG est trop petite pour les menages qui comprennent en moyenne six personnes. Ce qui va entrainer la promiscuite dans les familles”. Cette situation resume en gros la politique du gouvernement et des ses ONG alliees concernant la relocalisation des victimes du 12 janvier logees sous les tentes. Cette politique affiche le mepris du gouvernement pour les classes defavorisees. C’est la continuite de la charite humiliante enclanchee par les Duvalier consistant a jeter quelques billets par terre a la foule lors des sorties presidentielles, a construire la cite “Simone Ovide Duvalier”, devenue Cite Soleil et transformee en l’un des plus grands mega-bidonvilles du pays grace a cette politique de mepris et d’humiliation des classes defavorisees.
La politique du gouvernement Martelly-Lamothe a contribue a augmenter le nombre de bidonvilles deja existants. Il est aussi interessant de savoir la cause de l’abandon du plan de reconstruction dont les bailleurs de fonds consentaient a financer. En effet des l’annulation du decret du gouvernement Preval declarant d’utilite publique le centre de Port-au-Prince, les bailleurs de fonds ont abandonne l’idee de financer la reconstruction car ils ne voyaient pas la necessite de financer une reconstruction sans plan. Les grands chantiers de la reconstruction se font donc attendre. On peut meme oublier ce programme de cite administrative prevue dans le plan de Preval. On ne saurait avoir de cite administrative avec le gouvernement actuel en construisant quelques batiments publics. La reconstruction d’une ville requiert l’existence d’un plan d’ensemble. Sans ce plan on ne peut pas avoir de cite administrative. De plus la reconstruction de Port-au-Prince ne devait pas viser seulement a une cite administrative. Sa reconstruction doit tenir compte de la ville et de ses environs et des bidonvilles qui s’y trouvent. L’accent doit etre mis sur l’amelioration ou le demolissement de ces bidonvilles pour construire des logements adequats pour heberger les plus demunis de maniere decente. A quoi sert-il de creer de nouveaux logements quand les plus demunis n’y ont pas acces et continuent a vivre dans des conditions execrables?.
De nombreux observateurs admettent l’echec du programmme 16/6 du gouvernement Martelly-Lamothe. La federation interamericaine de droits humains (FIDH) a produit ses conclusions lors de sa visite en 2013. En effet la chargee de mission de Madame Genevieve Jacques eut a declarer: “On a enleve les camps du centre-ville mais les gens sont alles se loger dans des camps beaucoup plus eloignes mais qui sont aussi precaires”.En l’absence d’accompagnement du gouvernement les gens se sont refugies dans des endroits tels Canaan, Jerusalem. Corail ou ils ont construit des bidonvilles.
La chargee de mission continuait ses declarations en disant: “ Le programme 16/6 donnant 20.000 gourdes a chaque famille pour se reloger est un exemple de solution bancale . D’une part elle est tres difficile voire impossible de loger toute une famille en zone metropolitaine pour 20.000 gourdes pendant un an”, dit-elle.” D’autre part qu’est-ce-qui va se passer apres une annee s’il n’y a pas d’accompagnement?”
Le rapport de la FIDH attire egalement l’attention sur la situation execrable de quelques 120.000 personnes vivant dans les camps de relogement de Jerusalem, Canaan et Corail. Les gens vivent dans un abri d’une duree de vie de trois ans et demi et depourvu de toilettes, d’eau et d’electricite. La presence d’un plan d’urbanisation est inexistante. Madame Jacques prevoyait deja la transformation de ces endroits en bidonville, ce qui n’a pas tarde a se produire quelques mois apres ses declarations.
La chargee de mission de la Federation Internationale des Droits Humains se plaignait du fait que l’attente d’une nouvelle facon de construire manifestee apres le tremblement de terre ne s’est pas comblee. Selon Jimena Reyes, responsable du bureau des Ameriques de la FIDH, l’afflux d’aide humanitaire a servi a sauver des milliers de vie mais n’a pas permis de renforcer la capacite des Haitiens a prendre en mains eux-memes la reconstruction de leur pays.
Suivant un article paru sur le site de L’Institut pour la Justice et la Democratie intitule “Haiti Earthquake: Daunting challenges remain four years after disaster, Tremblement de terre d’Haiti: des defis enormes demeurent quatre annees apres le desastre”, certaines personnes delocalisees sous les tentes du champ-de-mars louent de petites maisons mal construites situees au Fort National a raison de 340 dollars americains ( soit 27.200 gourdes) par an. Un autre article critique les programmes de subvention de logement (16/6) et de nouveaux logements, L’argent recu par les gens vivant sous les tentes dans les parcs et places publiques de Port-au-Prince s’est rapidement depense et la situation de ces gens ne s’est pas amelioree.
Une enquete de l’Institut pour la Justice et la Democratie en Haiti montre que sur 44 personnes delocalisees des camps seulement la moitie de ces personnes vivent dans leur nouvelle maison apres avoir depense la subvention. La plupart d’entre eux declarent n’avoir pas encore paye leur loyer.
D’apres le premier ministre Lamothe 40.000 logements devraient etre construits d’ici a 2020. Avec l’argent disponible ils se sont evertues a construire 5.000. Ce projet est certes louable mais va-t-il resoudre le probleme de logement des plus demunis? Va-t-il eliminer les bidonvilles existant a Port-au-Prince?