Le but de ce blog est d'eduquer et de discuter a propos des desastres naturels avec un focus sur l'activite et la vulnerabilite sismique, de reporter des informations generales relatives au tremblement de terre d'Haiti du 12 janvier 2010 et aux tremblements de terre du monde. Il met l'accent sur les efforts de reconstruction d'Haiti et la necessite d'utiliser des techniques de conception des structures de batiments et construction parasismique dans la construction des infrastructures physiques.

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Friday, March 23, 2012

Le probleme des toilettes ecologiques dans les maisonnettes construites a Issa Tabarre

L'utilisation de toilettes ecologiques dans les maisonnettes construites a Tabarre pour certaines victimes du tremblement de terre est une bonne chose dans la mesure ou elles protegent l'environnement et sont parfaitement appropriees aux utilisateurs. Cependant l'education sur l'utilisation adequate de ces toilettes n' est pas moins importante que l'utilisation de ces toilettes elles-memes. En effet l'utilisation de ces toilettes empeche la pollution de la nappe phreatique de la plaine du Cul-de-sac. Des elements culturels et les mythes lies a la defecation constituent des obstacles majeurs a l'acceptation d'un systeme ecologique selon une etude realisee en 1998 par l'agence suedoise internationale pour le developpement (SIDA). Cependant n'y a-t-il pas des normes communes a toutes les cultures? Est-il convenable de s'occuper soi-meme de l'evacuation de ces excrements? On utilisait les services de gens communement appellees "bayakou" pour l'evacuation des fosses de latrines. Ne pourrait-on pas utiliser ce meme service ou l'utilisation de ce service est-il convenable pour les toilettes ecologiques. Mais ces toilettes ecologiques semblent n'etre pas convenables et paraissent moins commodes que les latrines traditionnelles. De plus les habitants ont bien raison de dire que ces toilettes sont des refuges de cafards et d'agents polluants. Cet element revele un des aspects de l'echec de la Reconstruction livree en grande partie par les ONG internationales sans controle de l'Etat. Un des articles de Ayiti Kale Je souligne l'anarchie dans laquelle les ONG operent: "Des abris qui n'abritent personne".  Des gens qui possedent deux maisons et qui cherchent a affermer une autre alors que des milliers d'autres en ont besoin. On comprend bien que ces gens vivent dans la misere mais cela ne doit pas justifier l'avarice et entrainer leur pratique de la corruption dont elles sont victimes.

Tabarre, HAITI, 8 mars 2012 – Les 534 maisonnettes, dotées chacune d’une galerie et d’un jardin, ont un air de normalité qui plaît au premier coup d’œil à Tabarre Issa, un camp de la plaine du Cul-de-sac où ont été relogées autant de familles déplacées de la Vallée de Bourdon suite au tremblement de terre de 2010.
Des T-Shelters dans le camp de Tabarre Issa. Photo: Fritznelson Fortuné
Si ceux qui n’ont pu profiter des pimpantes maisonnettes – aménagées pour $ 5 000 US l’unité – par l’organisation humanitaire irlandaise Concern Worldwide, les jalousent, là n’est pas vraiment le problème.
Le hic, c’est que les centaines de toilettes écologiques – une par « abri transitoire » – installées pour faciliter la vie des bénéficiaires n’ont à peu près jamais servi. Pire. Ces derniers les arrachent et installent à leur place des toilettes à chasse d’eau pour lesquelles ils creusent de simples fosses qui peuvent polluer irrémédiablement la nappe phréatique.
Il y aurait peu à redire si le phénomène était cantonné à des zones peu peuplées. Mais les résidents de Tabarre-Issa creusent, sans souci des règles les plus élémentaires de salubrité, des fosses dans la même zone aquifère où s’approvisionnent les dizaines de camions qui ravitaillent quotidiennement en eau la capitale haïtienne.
Gérald Saintilimé creusant un trou dans le camp Tabarre Issa. Photo: Fritznelson Fortuné
Leur rejet de la toilette écologique UDT (« Urinary Diversion Toilet » en anglais), utilisée déjà sur trois continents et qui sépare l’urine de la matière fécale afin de conserver l’eau et de produire du compost [Lisez UDTs en Haïti], n’est pas sans conséquences sérieuses sur l’environnement. Les excrétas humains qui pourraient contenir des germes de choléra et d’autres agents pathogènes risquent en effet d’être disséminés dans la nappe phréatique la plus importante d’Haïti, avec des conséquences sanitaires potentiellement incalculables.
À elle seule, Sherline Aldorange a dépensé 2 750 gourdes ($ 68.75 US) pour l’achat d’une toilette à chasse d’eau usagée. La simple pensée d’avoir à utiliser à nouveau la toilette écologique la révulse. « Non ! Je ne suis pas habituée à ce genre de choses ! Non ! Ce n’est pas possible ! », lance-t-elle, dégoûtée.
« Ces toilettes propagent mouches, cafards et odeurs nauséabondes, fulmine de son côté Jean Auguste Petit-frère, le président du comité du camp de Tabarre-Issa. Elles nuisent à la santé. On ne peut plus respirer dans les maisonnettes ! » 
Ils ne sont pas les seuls à tempêter ainsi. Une enquête menée par le partenariat Ayiti Kale Je (AKJ) auprès de 50 familles du camp de Tabarre Issa – soit environ 20% des familles — révèle que la totalité des interviewés se plaignent de ce que les toilettes écologiques sont sources d’odeurs nauséabondes, de cafards et d’agents polluants.
Quelques-unes des fosses septiques – et non sanitaires – que creusent les résidents du camp de Tabarre Issa. Photo: Fritznelson Fortuné
Pas étonnant, donc, que 98% des interviewés n’utilisent plus les toilettes dont était pourtant si fière l’ l’organisation irlandaise. En fait, 90% des familles interviewées confirment s’être débarrassées de leur toilette écologique et d’avoir installé leur propre toilette à chasse d’eau.
Derrière la révolte des toilettes
Mais pourquoi tant de méfiance, voire cette révolte, contre un système qui a fait ses preuves et qui est utilisé un peu partout dans le monde ?
D’accord, les toilettes écologiques sont une nouveauté en Haïti et demandent d’entretien. Mais il est vrai aussi que les bénéficiaires avaient d’autres habitudes et que ces toilettes, bien qu’écologiques, demandaient un travail que bien peu d’entre eux étaient prêts à faire.
«Une fois les récipients remplis d’excréments, les usagers devaient les transporter dans une cave construite par Concern à proximité de la maison d’un riverain, explique Jean Auguste Petit-frère. Ce dernier est intervenu auprès des autorités municipales pour interdire aux gens de déverser les fèces à côté de son domicile ».
Maryse François, formatrice pour Concern, avait pour tâche d’expliquer aux résidents les procédures à suivre pour utiliser les toilettes écologiques. Elle dit n’être jamais parvenue à se familiariser avec le système. « J’étais un agent de formation pour Concern et je n’arrivais pourtant pas à m’adapter à cette latrine. Pour une personne qui n’a pas suivi la formation, c’était encore pire ! » 
Elle ajoute, amère : « Personne ne s’adapte pas à ce système et n’utilise ces toilettes au camp. C’est un gaspillage ».
Maryse François, formatrice de Concern à Tabarre Issa, montrant comment elle utilise sa nouvelle toilette. Photo: Fritznelson Fortuné
Certains considèrent que ces toilettes nouveau genre représentent carrément une menace pour leur santé. « Les agents pathogènes, les cafards, les odeurs puantes, on n’en peut plus », se plaint Jeannette Georges, une mère de cinq enfants qui vivait autrefois à Vallée de Bourdon.
À Concern Worldwide – une organisation qui a travaillé  en Haiti dans plusieurs domaines avant le tremblement de terre – on fait le dos rond, persuadé que les UDT étaient la seule option. Les habitants avaient demandé une toilette pour chaque maisonnette, au lieu des toilettes communes.
« Il n’est pas possible d’installer une toilette à chasse d’eau dans un abri transitoire », précise Nick Winn, le responsable qui a supervisé la construction des maisonnettes et l’installation des UDT. « Il faut de l’eau, il faut mettre une doublure dans la fosse… et le coût ! »
« S’il avait fallu installer le système d’adduction d’eau nécessaire, il aurait été impossible de négocier avec un bailleur de fonds », ajoute Jean Frenel Thom, assistant directeur Programme chez Concern. Au lieu de $ 5 000 US, chaque maison aurait coûté au moins $ 7 500 US d’après Thom.
Et, de tout façon, dit M. Winn, « l’UDT qui a été installée à Tabarre-Issa est 100 % sanitaire ».
Cent pour cent sanitaire, peut-être, mais zéro % au chapitre de la participation citoyenne.
C’est justement là que le bât blesse, l’organisation irlandaise ayant négligé d’impliquer la population dans le choix du nouveau système de toilettes écologiques. Pas étonnant que l’enquête d’AKJ ait révélé que 100% des 50 familles interviewées affirment n’avoir jamais été consultées sur les toilettes imposées par Concern.
Peu de participation, beaucoup de déploration
Pourtant, ce ne sont pas les études qui manquent. Réalisées par des organisations comme les agences d’assistance internationale et l’UNICEF, toutes insistent sur le fait que les toilettes UDT doivent être culturellement acceptées par les bénéficiaires et que les communautés doivent se voir proposer une large gamme de technologies appropriées afin de choisir en fonction de leurs préférences, besoins et priorités.
« Les facteurs les plus importants pour l’acceptation d’un système écologique sont les attitudes traditionnelles et les tabous liés à la défécation et aux excrétas humains, dit une étude réalisée en 1998 par l’Agence suédoise internationale pour le développement (SIDA). Ce qui signifie que les freins culturels peuvent entraver l’alternative à l’utilisation des latrines écologiques si les usagers ne sont pas impliqués dans le choix du système ».
La formatrice Claudine Laurore, qui vit à Tabarre Issa, montre comment les habitants étaient censés soulever le récipient plein de matières fécales et les portent sur leurs têtes afin de les déposer à un dépotoir. Sa toilette nouvelle chasse d'eau peut être vu en arrière-plan. Photo: Fritznelson Fortuné
« Ces toilettes nous été imposées, assure Diana Paul, un ressortissant de Vallée de Bourdon qui vivait de la vente de charbon de bois avant le tremblement de terre. On ne nous a pas demandé notre avis. Nous avons pourtant dit aux formateurs que nous ne voulions pas de ce modèle !»
Concern Worldwide ne dément pas les allégations des usagers de Tabarre-Issa mais réprouve le fait que les déplacés arrachent les toilettes écologiques.
« Ils prennent leur propre décision de remplacer le système qui a été installé dans les abris. Est-ce là encore le rôle de Concern de l’interdire ? On replace carrément, déplore Thom. On ne fait que quitter dans ce cas là. [sic]Parce que, officiellement on ne gère plus le camp ».
Winn s’inquiete : «Si vous mettez de l'eau dans une fosse, il ne prendra pas beaucoup de temps à le remplir ».
Chose certaine, SOIL (Sustainable Organic Integrated Livelihoods où Subsistance intégrée durable et organique, en français), une organisation étatsunienne oeuvrant dans le domaine des sanitaires écologiques, était au courant des dangers et a averti Concern.
Au cours de rencontres et d’échanges de courriels, SOIL a maintes fois prévenu Concern des complexités inhérentes au projet, d’après la directrice.
« Nous avons suggéré à Concern de faire une expérience pilote afin de voir l’appréciation des bénéficiaires avant de se lancer dans une grande échelle, confirme Sasha Kramer, mais les usagers avaient déjà investi les maisonnettes. »
En fait, c’est seulement quand Concern a compris qu’il ne lui restait plus que trois semaines pour finaliser l’installation des toilettes qu’elle a sollicité l’aide de SOIL. Cette dernière lui a répondu qu’il était impossible de sensibiliser les bénéficiaires pendant seulement 21 jours. « Concern nous a demandé si nous pouvions travailler avec lui, précise Kramer. Nous avons dit non mais étant donné qu’il recevait du financement, Concern Worldwide a avancé avec le projet. »
À Concern Worldwide, on est moins affirmatif. « J’étais au courant que Concern travaillait avec SOIL à Tabarre mais il y a certaines choses qui ont bloqué le processus », laisse tomber Winn, sans expliquer davantage.
Cependant, il reconnaît que beaucoup des résidents de Tabarre Issa n’utilisent pas les toilettes UDT.
« Disons que l’utilisation n’est pas ce que nous avions souhaité », admet-il.
Son collègue Thom ajoute, « Certes, on est conscient qu’il y a ce problème, on le reconnait ici à Concern…Comme des humains on a commis des erreurs… Mais on ne peut pas considérer Tabarre Issa comme un échec ».
Et, avec les 534 maisonettes et jardins, il n’est pas un « échec ». Cependant, dans un autre camp, Concern travaille autrement.
Le non utilisation de nouvelles toilettes « est liée à un changement de culture et de comportement » admet Thom « On ne peut pas espérer de changer de comportement du jour au lendemain. On sait qu’on devrait être là pour plus longtemps. »
« Actuellement nous travaillons avec SOIL en partenariat dans un camp planifié de taille plus petite pour améliorer notre éducation et voir comment nous devons transmettre des informations adaptées à la culture »,rassure Winn. [Lisez UDTs en Haïti]
Mais faire autrement, c’est pour d’autres camps. Concern s’est déjà lavé les mains sur Tabarre Issa.
« Officiellement on ne gère plus le camp, on n’a aucun droit sur les abris, explique Thom, parce qu’une fois qu’on a construit, on a transféré le droit aux bénéficiaires. Tout est terminé, quoi! … Pour cette raison, nous pensons que le gouvernement ou la DINEPA [Direction Nationale de l'Eau Potable et de l'Assainissement] doit venir. »
Section d'une carte dans une étude des ressources en eau en Haïti réalisée par l'armée américaine. La nappe aquifère de la plaine de Cul-de-Sac se trouve au nord et à l'ouest de la capitale.
Mais ont-ils assez de ressources et d’autorité pour contrer la grave menace environnementale qui plane sur la principale nappe phréatique de Port-au-Prince ?
Potentiel désastre environnemental
Dans la plaine du Cul-de-sac, la nappe phréatique n’est pas loin de la surface, une étude réalisée par l’armée américaine en 1999 dit qu’elle représente la meilleure réserve d’eau en Haïti. La majorité des entreprises de distribution d’eau par camion s’approvisionnent dans cette réserve.
La responsable de l’agence gouvernementale DINEPA se dit très préoccupée par la situation. 
« La DINEPA interdit aux gens de creuser des fosses pour placer des toilettes », affirme Johanne Laroche, responsable du Projet d’appui aux mairies de la à Tabarre pour DINEPA. On a recommandé à toute ONG d’utiliser la structure ’’TUFF TANK’’ (géant récipient en plastique, facile à vidanger) dans les camps pour éviter de contaminer la nappe phréatique qui est très haute dans cette zone. »
Mais actuellement, aucune organisation n’œuvre plus à Tabarre Issa. Concern a vidé les lieux.
Gérald Saintilimé et Gary Mathieu creusant une fosse septique dans le camp
de Tabarre Issa.
  Photo: Fritznelson Fortuné
La Mairie de Tabarre et la DINEPA sont aux abois.
« Nous n’avons pas de fonds disponibles. Les ONG se retirent », déclare Laroche. Nous savons qu’il faut interdire aux gens de forer des fosses mais où vont-ils satisfaire leurs besoins ?»
Commentaire du blog et Article de Ayiti Kale Je


Friday, March 16, 2012

Les abris qui n'abritent personne

Les collines au-dessus de Léogâne, HAITI, 15 mars 2012 – Près de la moitié des abris d’urgence distribués par l’organisation britannique Tearfund dans deux sections communales dans les montagnes au-dessus de Léogâne restent inhabités par des bénéficiaires plus de six mois après leur construction.
C’est du moins ce que révèle une enquête menée par le partenariat de journalisme d’investigation Ayiti Kale Je (AKJ), dans la 10ème section Fonds d’Oies et  la 12ème section Cormiers de Léogâne, l’épicentre du séisme.
Les journalistes ont trouvé que, parmi les 84 familles bénéficiaires, 34 n’habitent pas dans leurs nouvelles maisonnettes, et 11 familles ont reçu deux abris d’urgence de deux organisations humanitaires différentes.
Carte de l'ONU montrant l’épicentre du séisme. La zone de l'enquête est en violet.
Si 34 maisonnettes – construites pour 3 000 $US chacune, d’après Tearfund – restent inutilisées, ou, pire, sont « à louer », cela veut dire qu’au moins 102 000 $US ont été gaspillés, pendant que des dizaines de familles dans leur voisinage vivent toujours sous des tentes ou des bâches de fortune.
« Les abris d’urgence distribués dans la zone ne l’ont pas été équitablement, fulmine Rosemie Durandisse, une paysanne de 50 ans dont la maison de 4 pièces – où elle vivait avec son mari et leurs 6 enfants – a été détruite par le séisme. « La vie n’est pas trop rose pour moi (…). Je devrais trouver une maison, parce que [quand il pleut] les eaux de pluie nous rendent la vie dure ».
Rosemie Durandisse, accompagnée d’une de ses enfants, devant sa baraque.
Photo: Fritznelson Fortuné
L’organisation chrétienne The Evangelical Alliance Relief Fund ou Tearfund, œuvrant dans une cinquantaine de pays, est arrivée dans ces communautés de montagne après le 12 janvier 2010.  Elle dit avoir construit 249 abris d’urgence (« Transitional Shelters » ou « T-Shelters ») dans quatre sections communales de Léogâne.  
« Nos abris respectent ces normes [établies pour les logements post-désastre]», explique Kristie van de Wetering, directrice du programme de gestion des désastres chez Tearfund. « Nous tentons le plus que possible d’impliquer les bénéficiaires et les communautés dans notre travail ».
Ces maisonnettes de 18 mètres carrés, dont la base est en béton, l’ossature en bois et le toit en tôle, comportent deux petites chambres et une minuscule galerie. Leur prix de revient oscillerait autour de 3 000 $US chacune, sans les frais administratifs, d’après l’organisation.
Au cours des deux dernières années, les organisations humanitaires ont construit au total environ 110 000 T-Shelters en Haïti, au cout global estimé à 500 M$US, alors que le nombre de familles à la recherche d’un logis en raison du séisme dépassait les 300 000.
Pour obtenir un T-Shelter, ces familles devaient prouver qu’elles possédaient de la terre ou un bail à long terme. Or, près des deux-tiers des familles réfugiées après le séisme, soit quelque 200 000 familles, étaient des locataires. La solution axée sur les T-Shelters n’a donc pas manqué de créer une controverse. [Voir aussiAbandonné, comme un chien errant et Quelle planification pour les 1.3 million de déplacés?]
Un cadeau à louer
Au marché de Tombe Gâteau, le long de la route menant à Jacmel, deux abris d’urgence s’élèvent dans une même cour, à quelques pas des locaux de l’organisation bangladeshi BRAC. Celui fait de blocs de béton a été construit par BRAC, l’autre – en bois – est de Tearfund. Tous deux sont considérés par les riverains comme étant la propriété d’une seule et même personne, Cevemoir Charles, un cultivateur.
Un écriteau marqué des mots « À Affermer »  se dresse sur la maison de BRAC.
Les deux nouvelles maisons de Cevemoir Charles, l'une de Tearfund
(gauche) et l’autre de BRAC (droite). Le signe “A Affermer" est au-dessus
de la maison de BRAC
. Photo: Fritznelson Fortuné
Lorsque l’on tente de l’interroger, Charles se rebiffe et fuit vivement les journalistes, se contentant de grommeler « ces abris ne sont pas à moi, ils appartiennent à ma femme ».
Le cas de Charles n’est pas unique. Demandez à Résilia Pierre, une mère de trois enfants, qui vit avec son mari et deux autres personnes dans l’une des deux maisonnettes qu’elle a reçues – l’une de Tearfund et l’autre de BRAC. Ils habitent dans l’abri BRAC, et elle cherche ouvertement à louer celui de Tearfund.
« J’habite dans l’un des abris et l’autre est vide », dit-elle, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. « De temps en temps, je le nettoie et le balaie ».
Booz Serhum, officier de liaison communautaire chez Tearfund, affirme qu’il n’y a pas de cas de doublons.
« Nous tenons compte du fait qu’une personne a déjà reçu un abri d’une autre ONG, dit-il. C’est l’un des critères que nous voulons respecter partout, puisqu’il permet une juste répartition ».
Sa superviseure, van de Wetering, affirme de son côté que « l’un des éléments fondamentaux chez nous, c’est la coordination avec les autres organisations ».
Mais de quelle coordination parle Tearfund, au juste ? Car, dans les deux sections rurales visitées, cette coordination s’est, en pratique, révélée pour le moins inefficace dans la mesure où elle n’a pu empêcher plus d’une dizaine de doublons. Sans parler du fait que plusieurs bénéficiaires n’avaient aucunement besoin d’abri, plusieurs vivant d’ailleurs dans d’autres endroits, les mettant même en location.
Reproche réciproque
Le manque de coordination, des failles apparentes dans la méthodologie utilisée pour sélectionner les bénéficiaires, mais aussi mensonges et erreurs sont entre autres les raisons qui expliquent les maisonnettes vides et les victimes laissées à elles-mêmes.
La tente d’une famille à côté d'une maison endommagée.Photo: HGW
Les autorités locales sont d’ailleurs les premières à le reconnaître. « Des victimes se plaignent du fait que des gens qui ne sont pas dans le besoin ont reçu un abri alors que d’autres, encore plus vulnérables, n’ont rien eu», raconte Laurore Joseph Jorès, membre du Conseil d’administration de la section communale (Casec) de Cormiers.
« Beaucoup de victimes dont les maisons ont été détruites pensent que le Casec peut les aider à trouver un abri », ajoute-t-il.  
Innocent Adam, coordonnateur du Casec de la 10e section communale Fonds d’Oies, se dit également au courant de la situation, mais s’estime impuissant.
« Nous ne pouvons rien faire et nous ne sommes pas responsables, explique-t-il. Notre tâche ne consistait qu’à donner des approbations foncières au gens ».
S’il ne revenait pas aux autorités de choisir les bénéficiaires, à qui donc incombait cette responsabilité ? ChezTearfund, on dit que ce sont des comités communautaires établis avec l’appui de l’organisation après le séisme qui avaient le dernier mot en ce qui a trait au choix des bénéficiaires d’abris. Dans les comités communautaires, on dit que c’est Tearfund qui décidait de tout. Qui dit vrai ?
Chose certaine, Tearfund a d’abord effectué une enquête sur le terrain afin d’identifier au préalable les victimes réellement en situation de vulnérabilité.
« Nous mettions l’accent sur le revenu de la personne, ses conditions de vie, le nombre d’enfants à charge, son état de santé, etc. », précise Serhum.
Serhum prétend avoir été secondé dans son travail de terrain par ces comités communautaires. Mais, s’ils reconnaissent avoir œuvré avec Tearfund, des membres des comités nient cependant avoir eu le dernier mot.
« Le comité avait comme tâche d’informer les bénéficiaires choisis par Tearfund », réplique Févry Gérésol, membre du comité communautaire de Cormier. « Nous n’avions pas le pouvoir de choisir les bénéficiaires »
« C’était au comité de regarder la liste, rétorque van de Wetering. « Il connaissait la quantité d’abris disponibles pour donner dans les communautés. C’est le comité qui choisissait dans la liste les personnes devant bénéficier d’un abri ».
Selon Sanon Dumas, membre du comité communautaire de Fond-Oies, le groupe était seulement responsable du bon déroulement des constructions. Il devait aussi faire des rapports et informer Tearfund.
Sanon Dumas, membre du comité de Fonds d’Oies, dans un de ses champs.
Il se prépare à semer du maïs, du pois et d'autres denrées.

Photo: Fritznelson Fortuné
Cependant, il admet : « Si on a fait le choix des membres du comité, c’était pour aider Tearfund à choisir des gens parmi ceux dont les coordonnées avaient déjà été enregistrées dans l’ordinateur ».
Sa mère a reçu un T-Shelter. A date, il reste inoccupé.
Pièges, menteurs et questions
Pour certains, Tearfund a simplement été victime de duplicité.
« L’enquête a été faite par des personnes ignorant le contexte local », affirme Gérésol, du comité communautaire de Cormier. « Il y a des gens qui ont obtenu des abris par le biais de moyens détournés, dont le mensonge ».
Gérésol lui-même a obtenu deux T-Shelters de deux organisations différentes : Tearfund et la Croix-Rouge suisse.
Févry Gérésol, membre du comité communautaire de Cormier et professeur d'école,
en face de ses deux T-Shelters.
 Photo: Fritznelson Fortuné
Ne connaissant pas la zone, les enquêteurs envoyés par Tearfund – qui implémente d'autres projets dans la zone, dont la construction de 27 écoles temporaires, des puits, etc. – auraient été aussi piégés par des individus s’appropriant des maisons détruites, en faisant croire aux enquêteurs qu’elles leur appartenaient.
Tearfund n’écarte pas cette possibilité.
« Il peut arriver qu’il y ait des gens qui ne sont pas honnêtes, disant qu’ils n’ont pas de maison ou que telle maison leur appartenait, ou appartenait à leur famille. Cela peut se produire », admet Serhum. Il y a beaucoup de trucs utilisés dans la communauté… Il y a des choses qu’on ne peut découvrir. On peut se rendre sur le terrain pour faire une enquête, [la personne] peut prétendre que la maison a été détruite, et pourtant l’enquêté vous a montré sa cuisine qui n’est pas sa demeure ».
Le népotisme et le favoritisme auraient également joué un rôle dans l’attribution des abris. Selon ce qu’a constaté AKJ dans les zones étudiées, la plupart de ceux qui ont reçu des abris étaient liés aux  membres des comités. Par exemple, dans la zone où habite Sanon Dumas, on recense près d’une dizaine de familles ayant obtenu un abri alors que les autres bénéficiaires potentiels vivant à quelques kilomètres restent dans leurs maisons endommagées.
Berline Cérival, de Grand Bois, comprend bien les avantages d’une amitié.
Berline Cerival sur la galerie de sa nouvelle maison avec ses enfants. 
Photo: Fritznelson Fortuné
« Je n’avais pas été recensée, alors j’ai été voir Partisan, [un des membres du comité communautaire], dit-elle.Ce dernier a contacté un ingénieur au sein de Tearfund afin de me faciliter l’octroi d’un abri, que j’ai eu finalement ».
Des Grandes Questions
Y a-t-il beaucoup d’autres Cérival ou Gérésol à travers Haïti ?
La population de Léogâne, voire d’Haïti, serait-elle prédisposée au népotisme, au mensonge et à la tromperie quand il s’agit de personnes ou d’organisations qui veulent les aider ?
Un autre T-Shelter à affermer. La photo ci-dessous est un détail de la zone encerclée. Photo: HGW
D’après l’économiste et sociologue Camille Chalmers, la présence de centaines, voire de milliers d’organisations et agences humanitaires en Haïti, travaillant trop souvent sans de méthodologie appropriée, a de sérieuses conséquences.
Cela crée un « cercle vicieux de l’humanitaire et de l’assistance, où la population développe une mentalité d’assisté. Cela peut être très négatif… sur le moyen et le long terme », expliquait Chalmers à Ayiti Kale Je dans un interview réalisée en octobre 2010.

Une des nombreuses maisons détruites dans les montagnes au-dessus de Léogâne.
Son propriétaire vit depuis le lendemain du séisme sous le toit de quelques amis.

Photo: HGW
En plus de ces effets négatifs, l’investigation sur les T-Shelters de Tearfund inspire d’autres questions.
Si l’échantillon de familles sinistrées examiné par les enquêteurs du partenariat AKJ éveille le soupçon quant àd’éventuelles erreurs ou la corruption dans d'autres sites, qu’en est-il des 110 000 autres abris d’urgence fournis gratuitement par la communauté internationale ?
Doit-on comprendre que plus de 44,000 d’entre eux ont été remis à des individus qui n’en avaient pas besoin, alors que plus de 450 000 de leurs compatriotes vivent toujours sous tente ?
Est-ce que la construction de T-Shelters, plutôt que la réparation des maisons ou d’autres solutions, étaient la meilleure façon de dépenser les 500 millions de dollars américains que cela a coûté ?
Source: Ayiti Kale Je


Sunday, March 11, 2012

Regles de calcul interimaire pour la construction des batiments: Surcharges dues a l'usage

Les surcharges dues a l'usage correspondent a celles des tableaux 2 et 3 (Petits batiments de deux niveaux, 5.0 Surcharges dues a l'usage) ou elles sont exprimees en deux unites: l'unite internationale et l'unite americaine. Ces surcharges s'appliquent a n'importe quel code. Les surcharges dues a l'usage appellees encore surcharges de gravite sont inspirees des tableaux 4.5.1.3 et 4.5.1.10 de l'edition 2005 du Code National du Batiment du Canada. Elles representent respectivement des surcharges uniformement reparties et des surcharges concentrees specifiees sur une surface de plancher et de toit. Les valeurs proposees sont des valeurs minimales et peuvent etre utilisees de facon optimale en suivant les recommandations des codes autorises relatives a leur application et leur reduction en fonction des surfaces considerees et leur combinaison avec d'autres charges.

SURCHARGES UNIFORMEMENT REPARTIES SUR UNE SURFACE DE PLANCHER ET DE TOIT

Le Tableau 2 (Petits batiments de deux niveaux) – Surcharges réparties uniformément sur une surface de plancher ou de toit mentionne les charges de 4,8 kPa et 100 psf pour les differents elements suivants:

• Aires de stockage1
• Balcons intérieurs où peuvent se réunir des spectateurs
• Cuisines (sauf celles des habitations)
• Espaces servant au commerce de gros et de détail
• Issues et escaliers de secours
• Corridors, halls et allées de plus de 1,2 m de largeur
• Mezzanines où peuvent se réunir des spectateurs
• Passerelles
• Lieux de réunion avec sièges fixes ou non (auditoriums, églises,
foyers et halls d’entrée, gymnase, musées, pistes de danse,
promenoirs, salles à manger, salles de spectacle, stades, tribunes
et gradins, autres lieux d’utilisation semblable)

 Pour les garages les charges sont les suivantes :
• Automobiles: 2,4 kPa et 50 psf
• Autobus non chargés et camions légers: 6,0 kPa et 125 psf
• Camions et autobus chargés: 12,0 kPa et 250 psf
• Trottoirs et voies d’accès privées pour automobiles au-dessus
d’un espace à découvert: 6,0 kPa et 125 psf
• Usines: 6,0 kPa 125 psf

Pour les elements suivants:
• Aires réservées à l’équipement et locaux techniques (chambres de
transformateurs, installations mécaniques sauf ascenseurs et
monte-charges, salles des machines, salles des génératrices)
• Locaux de récréation ne servant pas à des réunions
• Salles d’opération et laboratoires
les charges sont: 3,6 kPa et 75 psf

Pour les elements suivants:
• Bureaux (sauf les salles d’entreposage des dossiers et les salles
d’ordinateur)
• Au rez-de-chaussée et au sous-sol les charges sont 4,8 kPa et 100 psf
• Aux étages au-dessus du rez-de-chaussée les les charges sont 2,4 kPa et 50 psf

SURCHARGES CONCENTREES SPECIFIQUES SUR UNE SURFACE DE PLANCHER OU DE  TOIT

Dans le tableau 3 (Petits batiments de 2 niveaux) sont donnees les valeurs des surcharges concentrees specifiees sur une surface de plancher ou de toit. Donnons-en quelques exemples.

Pour une surface de toit la surcharge concentree en kN est 1,3 et la surcharge concentree en livres est de 290.

Pour un plancher de salle de classe la surcharge concentree en kN est 4,5  et la surcharge concentree en livres est 1010.

CHARGES DUES AU VENT

Des vitesses de reference et pressions dynamiques de reference du vent sont proposees pour permettre le calcul de batiments en se servant des 5 codes et normes de construction suivants reconnus a travers le monde: ASCE 7-05[7], CNBC[2], BS 6399-2[8], EN 1991-1-4[9] et CUBiC[6]. Ces donnees permettent l'utilisation des codes et normes des Etats-Unis, du Canada, de la Grande Bretagne seulement pour les charges dues au vent) de l'Europe et des Caraibes en tenant compte des particularites de chacun d'eux.

Les resultats de 4 etudes sur les vents causes par les ouragans dans les Caraibes [References 10-13] ont ete utilises pour produire les vitesses et pressions de calcul pour Haiti. Les auteurs de la reference la plus recente [reference 13] avaient pour objectif de developper des vitesses de vent pour les Caraibes pouvant etre utilises avec la norme ASCE-7-2-2005. Toutes les vitesses de vent de cette reference ont ete realisees comme etant des valeurs associees a des valeurs relatives a des rafales de vent de 3 secondes mesurees a une hauteur de 10m de terrain plat non obstrue pour differentes periodes de retour. Des graphiques montrant des contours de vitesse du vent pour l'ile d'Haiti (Republique d'Haiti et Republique Dominicaine) sont montres sur la figure I. Ces donnees ont servi a definir quatre zones de vent montrees sur la figure 2 pour Haiti. La vitesse de reference u vent pour la zone la plus faible (zone 1) est de 100 mi/h (160 km/h) et celle pour la zone la plus elevee ( zone IV) est egale a 130 mi/h (208 km/h). Ces valeurs sont consistantes avec celles considerees pour la Republique Dominicaine et la Jamaique.

ZONES DE VENT A CONSIDERER POUR HAITI

Les vitesses de reference et pressions dynamiques de reeference du vent, compatibles avec les recommandations des cinq codes de construction retenus pour l'evaluation des pressions specifiees exercees par le vent, sont presentees dans le Tableau 4 (Petits batiments de deux niveaux).


Donnons quelques examples suivant le code considere

ASCE Éditions 7-98 à 7-05, Chapitres 2 et 6 (Code américain) [Référence 7]

Pour la Zone I de reference du vent la vitesse du vent en mi/h est 100 et la vitesse du vent en m/s est  40.

BS 6399-2 :1997 (Code britannique) [Référence 8]

Pour les Zones I, II, III, et IV la vitesse de reference en m/s pour chaque zone est respectivement 31, 35, 48 et 41.

CNBC 2005, Part 4 – Règles de calcul (Code canadien) [Référence 2]

Pour les zones II et IV les pressions dynamiques de reference du vent en kPa sont respectivement 0,73 et 1,02.

Eurocode EN 1991-1-4 et EN 1990 (Code européen) [Référence 9]

Pour les zones I et II les vitesses de reference du vent en mi/s sont respectivement 32 et 35.

CUBiC 1985 (Code des Caraïbes) [Référence 6]

Pour les zones III et IV les pressions dynamiques du vent en KgPa sont respectivement 0,98 et 1,15.
Les vitesses de reference du vent en m/s sont respectivement 40 et 43.
Note: Pressions dynamiques de référence et vitesses de référence associées à des vitesses moyennes de vent mesurées sur une période de 10 minutes à une hauteur de 10 m en terrain plat non obstrué. 

Saturday, March 3, 2012

Regles de calcul interimaire pour la construction des batiments: Categories de risques

Chaque batiment est associe a une categorie de risque basee sur l'usage prevu suivant les donnees empruntees au code CNBC [2}. Les charges specifiees telles gravite, vent, seisme, etc sont determineees a partir de la categorie de risque du batiment. Les codes recommandent differents coefficients suivant la categorie de risque a laquelle appartient le batiment. Le coefficient 1 est recommande pour les batiments de risque normal. Un coefficient inferieur a 1 est recommande pour les batiments a risque faible. Des coefficients superieurs a 1 sont prescrits pour les batiments de risque eleve et des coefficients encore plus eleves que ces derniers sont proposes  pour les batiments de protection civile.

On distingue  4 categories de rissque: faible, normal, eleve et protection civile. Les batiments de risque faible sont les batiments dont l'effondrement presente un risque faible de pertes de vies humaines. Examples: batiments de fermes, etables, etc. Les batiments de risque normal constituent les batiments qui n'appartiennent pas aux trois autres categories. Les batiments de risque eleve sont les batiments susceptibles d'etre utilises comme refuge de protection civile. Exemples: ecoles, centres communautaires. Les batiments de risque tres eleve representent les batiments de protection civile. Ils fournissent les soins essenitels en cas de catastrophe: hopitaux, centrales electriques et telephoniques, centres de pompage de l'eau potable, postes de pompiers, postes de police, stations de radios et de television, etc.